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  • Vincent Kappeler

J'AI REGARDÉ POUR VOUS

(Comme ça vous n’avez plus besoin de regarder ou plus envie)


J’ai regardé pour vous La serveuse rouge écarlate.


Après le succès de sa grande sœur, Handmaid’s Tale, les producteurs ont voulu surfer sur la vague et ont lancé cette nouvelle saga, un peu plus légère mais également dans l’air du temps.


Imaginez un monde où il y a trois types de serveuses : les bonnes, les moins-bonnes et les mauvaises.

Maintenant fermez les yeux et intégrez que tous les bistrots, troquets, restaurants et bars sont tenus exclusivement par des hommes.

Vous pouvez rouvrir les yeux.


Anita a deux défauts principaux : sa peau devient rouge au moindre effort et c’est une mauvaise serveuse. Elle a d’autres défauts mais on ne les découvrira que plus tard. Au début, elle nous est sympathique parce qu’elle est maltraitée par son patron et d’autres employées, alors on compatit et on espère tous qu’elle finira par se tirer.

Chaque vendredi, son patron, Klaus, exige de sa part qu’elle lui amène une banane à son bureau à 11h30 et qu’elle la pèle sous ses yeux de gros porc avant de la poser sur une assiette. Là il la mange en faisant des gestes suggestifs et obscènes et l’oblige à le regarder.

« Comme tu es toujours rouge, Anita, je ne sais pas si ça te gêne mais de toute façon peu importe, c’est la règle du vendredi. » Anita baisse la tête et ne répond rien. Elle attend simplement de pouvoir retourner faire le service.


De retour en salle, elle se fait engueuler par Ingrid, la cheffe de rang de la catégorie des bonnes, qui, même si elle est au courant parce qu’elle est aussi passée par-là dans sa jeunesse mais fait semblant de rien, lui reproche de s’être éclipsée et de mettre en péril la bonne marche du service de midi. Anita encaisse les réprimandes sans broncher avant d’amener un plateau d’assiettes à la mauvaise table.

Après le service, Anita fait une pause clope avec Yolanda, une collègue catégorie moins-bonnes, dans l’arrière-cour du restaurant. Comme il se doit dans une scène calme a priori sans intérêt, Yolanda en profite pour lui confier qu’elle est lesbienne. « Ça te gêne, tu es toute rouge ? » « Non, ça m’est égal. », mais on sent tout de même un malaise, attirance, répulsion, le mystère reste entier. « Si tu veux, je t’aide à mettre le feu au restaurant ? » « Je ne veux pas mettre le feu au restaurant. » « Tu devrais. » qu’elle dit Yolanda avant de quitter la scène calme.

Anita se met à gamberger. Pourquoi que j’y mettrais pas le feu à ce bistrot de malheur ? Non c’est mal ! Sinon je pourrais ne jamais revenir ? Ou alors démissionner ? Elle hésite. Et nous avec. Que ferions-nous à sa place ?

On n’a pas le temps de se poser la question qu’elle file sa dem à Klaus. Ah tu crois que ça va se passer comme ça mon petit rouge-gorge ? Il a plus d’un tour dans son sac Klaus ! « Très bien, tu peux démissionner mais je dirais à tout le monde que tu aimes les bananes » « Mais c’est vous… » « Ce sera ta parole contre la mienne. Et qui crois-tu que l’on écoutera ? Un homme respectable, tenancier de valeur ou une petite serveuse minable de rien du tout comme toi ? » qu’il lui envoie dans la tronche. « Et puis quand je dis banane, je veux parler de ta fille, tu crois que je ne sais pas que tu as accouché sous X et que tu fais tout pour la récupérer ? ». Putain, elle a une fille ! On l’ignorait jusqu’ici et beaucoup de choses s’expliquent d’un coup.

On la retrouve dans l’arrière-cour en train de fumer. Elle regarde une photo de sa fille et des larmes coulent sur ses joues rouges. Yolanda la rejoint. « Je sais tout pour ta fille. Ingrid écoutait derrière la porte et comme elle est aussi lesbienne et que nous ne formons qu’un, elle me l’a dit. Pourquoi tu ne m’en as jamais parlé ? » « Je ne pouvais pas, tu n’aurais pas compris. ».


Le lendemain c’est vendredi. Le sadique en rajoute des caisses. On saute le moment arrière-cour du jour pour s’y retrouver la nuit. Elle s’est décidée, Anita, et déverse deux bidons d’essence le long du bistrot avant de craquer l’allumette. Bien fait pour ta gueule, Klaus !


On retrouve Anita dans une voiture garée en face d’un préau. La cloche sonne et les enfants sortent de l’école. Une petite fille blonde un peu maladroite (elle renverse le contenu de son sac par terre, ce qui renvoie Anita a sa propre enfance dans un sourire), est accompagnée par une maitresse jusqu’à la sortie. La mère adoptive remercie la maitresse, puis elles montent dans une voiture. Anita les suit jusqu’à leur jolie maison et continue d’observer. C’est un moment difficile, toutes les batailles de la lutte des classes éclaboussent nos sentiments. Un jour, moi aussi j’aurais une maison et on sera heureuses, tu verras.


Mais pour se payer une maison, il faut de l’argent. Alors Anita retourne travailler dans le nouveau bistrot de Klaus. « C’est pour ma fille que je le fais, pas pour les bananes. ».


Nous avons tout de même préféré Handmaid’s Tale.




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